Dans notre approche, nous mettons l’accent sur le contexte local, que nous appelons un socio-écosystème, c’est-à-dire un écosystème incluant pleinement l’humain avec ses pratiques et ses représentations, et pas un humain qui serait seulement un braconnier et un perturbateur du milieu. Oui l’humain est au centre des menaces mais l’humain est aussi au centre des solutions !
La conservation des grands singes et des bonobos en particulier est aujourd’hui un sujet majeur lorsque l’on s’intéresse à la conservation de la biodiversité. Les grands singes, en tant qu’espèces les plus proches de la nôtre occupent une place particulière. De plus, par leur régime alimentaire varié, ils participent à la régénération des forêts en dispersant des dizaines d’espèces de graines dans leurs crottes et sont ainsi des jardiniers de la forêt. Toutes les espèces sont menacées d’après la liste rouge de l’UICN (lien : http://www.iucnredlist.org/search).
Les Menaces
Les menaces globales sont :
– la déforestation. Il convient ici de distinguer une déforestation due à des activités commerciales comme l’exploitation du bois ou la mise en place de grande monoculture, d’une déforestation de subsistance liée à l’agriculture familiale qui est beaucoup moins néfaste.
– le braconnage. Là encore, la chasse commerciale avec des armes de guerres et qui approvisionnent de vastes trafics, n’a rien à voir avec une chasse de subsistance familiale.
– les maladies. Encore mal connu, et de plus en plus mis en avant, cet aspect est de plus en plus étudié. Des maladies passent des primates à l’homme (comme le VIH) mais aussi de l’homme aux primates (comme des virus respiratoires). Les changements de contextes nécessitent de mieux comprendre ces mécanismes pour mieux en évaluer les risques.
Mais, ces menaces globales ne se traduisent pas de la même manière en fonction des contextes ! Ainsi, dans certaines zones, humains et grands singes coexistent depuis longtemps, et il est aujourd’hui indispensable de comprendre ces processus : ils sont bien plus efficaces que les Parcs Nationaux ! C’est dans ce sens que Bonobo ECO s’engage aussi pour soutenir les recherches visant à mieux comprendre les interactions entre humains et grands singes. Le poster téléchargeable en fin de page vous en apprendra un peu plus !
Les stratégies de conservation
Il existe deux stratégies complémentaires pour la conservation des grands singes :
– les sanctuaires (Lola Ya Bonobo pour les bonobos), qui recueillent les orphelins issus du trafic, les élèvent grâce à des mères humaines de substitution et peuvent parfois les relâcher en milieu naturel (pour des raisons sanitaires, il est alors plus prudent que les individus ne soient pas en contact avec des individus « sauvages »). Les sanctuaires sont souvent les plus connus du grand public en raison des nombreux reportages existant.
– la conservation en milieu naturel qui a pour but de maintenir les populations existantes. Dans ce cas, la stratégie la plus fréquente est la mise en place d’aires intégralement protégées (Parcs Nationaux) avec expulsion des populations humaines résidentes. Bien que dans quelques cas, cette stratégie a été efficace, dans la plupart des cas, ces Parcs Nationaux engendrent de nombreux conflits et ne semblent pas efficaces sur le long terme.
Bonobo ECO s’engage pour une conservation communautaire en milieu naturel, où les populations humaines sont au centre des projets : il n’est plus possible aujourd’hui de penser la conservation comme des espaces sanctuarisés, vidés de ses humains, constituant ainsi une « nature » plus fantasmée que réelle. C’est pour cela que nous soutenons pleinement l’ONG congolaise Mbou-Mon-Tour (lien site internet) qui propose un modèle alternatif à la conservation classique. La conservation est initiée par les populations locales et permet de créer un réseau d’aires protégées dans lesquelles ces mêmes populations décident des règles qui les régissent. Ainsi, certaines activités sont totalement interdites tandis que d’autres sont autorisées (pêche, cueillette). Au-delà de la différence en termes de règles, l’important ici est bien le modèle de prise de décision et de gouvernance : ce n’est pas une ONG internationale qui vient imposer un modèle, mais c’est une ONG locale qui propose un nouveau modèle, que nous considérons plus adapté au contexte local. Créé en 1997, Mbou-Mon-Tour est aujourd’hui un modèle montrant comment des populations locales s’impliquent pour leur environnement. C’est avec eux que nous avons mis en place l’habituation de la communauté de bonobos de Manzano pour pouvoir étudier sur le long terme comment les bonobos vivaient dans ce socio-écosystème particulier. Vous pouvez télécharger le poster ci-dessous pour en savoir plus !